Quelle est ma place ?

"Retourne à ta place" demande l’institutrice à l'élève qui vient de terminer son exposé au tableau.

 

"Il faut faire sa place" dans ce nouveau travail, dans cette nouvelle équipe, dans cette nouvelle ville.

 

"Il faut savoir se positionner, marquer son territoire" face à l’Administration, aux médecins, aux voisins.

 

Mais quelle est ma place, moi qui déteste le jeu des "Chaises Musicales", si cher aux politiques, qui exclut les personnes n'ayant pas su prendre place ?

 

Celle que l’on vous assigne à votre naissance ? Durant votre enfance ? Pendant votre adolescence ? A l’âge adulte ?

 

Parfois, j’ai l’impression de ne pas être à ma place, de ne pas vivre au bon moment, au bon endroit. D'avoir été déplacé.

 

Comme exprimé dans le monologue culte de l'ingénieur Otis extrait du film de l'inclassable Nul, Alain Chabat : "Vous savez, moi je ne crois pas qu'il y ait de bonne ou de mauvaise situation".

 

Et si finalement je me trouvais en dehors du dramatique triangle "Victime, Bourreau, Sauveur", si j’étais au-dessus de cela, à l’extérieur, comme un observateur.

 

Pour moi, être à sa place, c’est être en harmonie avec tout ce qui nous entoure, dans le bon tempo, parfaitement accordé, avec nos forces et nos faiblesses, en toute honnêteté, extraordinairement juste.

 

Parfois cette sensation subsiste un court moment, parfois, comme en suspension, en état de grâce, elle se prolonge.

 

Bien souvent cet équilibre est remis en question par les éléments qui nous entourent, nous perturbent, influent sur notre environnement, telle la quille qui permet au bateau, bravant la tempête, de rester bien droit, en place, nos ressources physiques, intellectuelles et spirituelles nous aident à rester debout, à garder notre place.

 

Comme le déterminé noyer, avec sa racine pivot, j'ancre mes pieds dans le sol qui m’a accueilli, la tête reliée à l'énergie du ciel, pour "Fleurir là où je suis planté", me reconnecter à moi-même, m’épanouir en profitant des opportunités qui viennent à moi, tout en étant reconnaissant de la situation actuelle, en vivant, en pleine conscience, l’instant présent.

 

La pluie, le vent, le soleil, me façonnent.

Je suis tel que je parais, tel que vous me voyez.

 

Christophe P.