Jeu d'écriture : Je suis une paire de lunettes (Petunia)
(Thème imposé avec insertion de mots en cours d’écriture)
Je suis une paire de lunettes posée par ma propriétaire sur le rebord de la fenêtre.
Je connais certainement l'issue de ce geste désinvolte. Elle va commencer par me chercher partout, premièrement sur le bout de son nez, puis elle va méthodiquement passer toutes les pièces en revue : la cuisine, la chambre à coucher, les toilettes et "Oh miracle ! voilà que je les ai enfin retrouvées sur le rebord de la fenêtre du salon !" s'exclame la jeune femme. "Je suis vraiment étourdie avec toutes ces pensées entassées dans ma tête !".
La paire de lunettes, qui a assisté à la scène plus de dix fois au cours de sa petite vie, trouve ces moments très attendrissant, car elle sent toute l'utilité qu'elle apporte à sa propriétaire. Cette dernière prend les lunettes et s'exclame avec un petit sourire : "Mon Dieu, j'ai l'impression que mes lunettes n'ont pas été nettoyées depuis la guerre 39-45 ou voir bien avant, en l'an 1915 !". Elle prend un petit papier et glisse les lunettes sous le robinet pour les nettoyer comme il le faut. "Voilà que je te trouve à nouveau coquette, mes petites lunettes à moi !". Le binocle est aux anges. D'un geste plein de douceur, sa propriétaire le pose sur le bout de son nez.
Le matin avançant à grands pas et Juliette devant se rendre tantôt au travail, elle se prépare un café sur le pouce. "Il faudrait que je trouve un moyen pour ne pas les perdre à chaque fois. Je ne m'y suis pas encore entièrement habituée" pense-t-elle.
C'est avec un visage encore fatigué et inexpressif, malgré la caféine qui commence gentiment à envahir tout son être, que Juliette part de chez elle pour se rendre à son travail à pieds. New-York est une belle ville, mais les rues se rallongent à perte de vue. Le travail de Juliette est sis au 1901 rue de Wall Street. "Le café commence à faire effet et à son expression, je sens que mon humaine Juliette s'est engaillardie" s'expriment les lunettes. Les rues défilent devant elle comme de longs couloirs, jusqu'à ce qu'elle arrive à l'entrée du building.
"Que s'est-il passé avec les lunettes" me direz-vous ? Et bien, pendant tout ce temps passé au plus proche de Juliette, elles ont senti le vent de face, observé tout ce qu'il se passait durant ce long trajet à pieds, constaté comment Juliette, tel un chat, se glissait entre les personnes, évitant de justesse un vélo arrivé à toute vitesse ou se pressant lors d'un passage piéton beaucoup trop rapide.
"Voilà mon destin, celui d'accompagner mon humaine le plus loin possible dans sa vie !", s'enthousiasme la paire de lunettes.
Petunia