Je suis un banc
Je suis un banc...
Je suis un banc public, banc public, où les gens se bécotent !
Deux paires de fesses sont assises sur mes lattes en bois, une portant un pantalon de velours, l'autre une robe élégante. Je sens qu'entre ces deux le courant passe et c'est bien peu dire !
Tout soudain, la paire de fesse en robe me présente ses 2 genoux avec, au milieu, l'autre paire de fesses qui elle, est restée immobile ! Cependant, je sens que cette dernière tremblote. Y aurait-il de l'émotion dans l'air ?
J'entends, au-dessus de moi, des éclats de rire, de sons de bouche frôlant la peau et je sens se dégager de là des ondes que je pourrais qualifier de fruitée, douce, colorée, avec une petite pointe de miel. Ils ont l'air de passer du bon temps ces deux-là, mais savent-ils seulement que les murs ne sont pas les seuls à avoir des oreilles ?
Ce moment de joie laisse place à quelques petites pattes qui viennent piétiner ici et là ma belle cuirasse de bois à la recherche de quelques morceaux de pain.
Aïe ! Mais pourquoi vous béquetez ma belle chair ? Allez voir ailleurs si un cœur généreux ne vous aurait pas laissé des morceaux de pain plus frais que les quelques miettes que vous cherchez désespérément à picorer sur ma belle parure !
On non, voilà que je vois au loin Mme Dubois et son petit chien Franki qui a pris l'habitude de venir me renifler les aisselles, vous savez, cette partie qui se situe entre mes pieds en métal et mon assise en bois, ce petit coin qui conserve encore et encore les odeurs des divers passages de nos amis poilus ! Voilà que Mme Dubois s'assied et demande à son cher compagnon de sauter pour se joindre à elle. Le chien, heureux, s'exécute et, une fois sur ma douce et délicate peau, commence à secouer la queue frénétiquement. Les caresses sur mon flanc me chatouillent et me procure de la joie.
Je suis heureux et je me sens utile, quelle bénédiction !
Petunia