L'importance des silences (1)


Deux éventails de couleurs avec des nuances qui vont d’un blanc d’une innocence pure à un orange de béatitude, puis d’un rouge pompier à un noir d’une profonde tristesse, en passant par des camaïeux de gris.

 

 

"J'élabore dans les prairies du silence intérieur " (Jean Cocteau).

 

Dans mon jeune âge, j'aimais à emmener, le troupeau aux champs. Le surplombant, assis sur un tapis de mousse, à l'orée de la forêt de majestueux fayards, j'observais les bêtes se déplacer paisiblement pour brouter l'herbe tendre et fleurie de l'alpage. Contemplatif devant ce ballet calme, éloge à la lenteur, me délectant du parfum du serpolet-couvre-sol, intensifié par la chaleur des rayons du soleil zénithal, seulement perturbé par les acrobaties agiles d'une petite sauterelle grise qui venait de se poser sur mon genoux, je prenais alors toute la mesure des bienfaits du silence alentour, me prenant presque à envier le chemin de vie des moines Chartreux de l'abbaye voisine, dont j'apercevais, en contrebas, les cheminées des cellules fumer et les ardoises des toits scintiller.


Christophe P