Je suis une feuille de papier
Sur l'océan en furie ballottée, je suis un bateau en papier,
je suis un raft en papier kraft,
Mais dans l'eau, je ne me dissous jamais, je ne perds pas pieds,
Sur terre, je rentre dans la vie de plain-pied,
en feuille plane, une fois dépliée,
je m'étale, telle la pieuvre ou le pourpier.
Sous pression, vive comme le tuyau du pompier,
Serpentin de raphia dansant, dur à saisir ou attraper,
Je suis rarement là où vous m'attendez,
tant j'ai d'aisance à m'adapter.
Sous la contrainte, je plie mais ne romps point, je me contorsionne en
tout point,
Insaisissable bande sans fin, ruban de Moebius,
Flottant entre les Pléiades et Sirius,
Nageant avec ses créatures lacustre,
L'origami devient locuste,
je suis ce qui est juste,
bondissante sauterelle,
entre les lignes temporelles et les univers parallèles ,
Indéfinissable grand huit, signe de l'infini,
Au Mouvement perpétuel bien défini,
Recommencement éternel du cycle de la vie.
Flexible comme le bambou ou l'hibiscus
Souple comme le roseau du papyrus,
Pareille à ce papier égyptien,
où s'esquisse un énigmatique dessin,
qui s'anime enfin,
Ça prend forme,
Ça se déforme,
Ça se transforme,
Je prends vie,
Je suis origami
Plein et vide,
Plein de vie!
Puis, froissé par la nuit,
Chiffonné par l'ennui,
Lacéré par la vie,
Plié, déplié, replié,
Par l'adversité,
L'origami est maintes fois métamorphosé,
S'ajoutent les blessures,
autant de marbrures,
Et aussi les luttes,
autant de volutes,
Les poings fermés,
tampons marqués,
Ma vie en pointillés...
Aventures ubuesques,
estampes romanesques,
Frivoles arabesques,
Épopées burlesques,
Épisodes rocambolesques,
Autant de frises et de fresques,
D'une diversité gigantesque.
Je suis papier à bulles,
d'une sphère à l'autre je déambule,
elles éclatent alors une à une,
Telles des bulles de savon, ce ne sont que des illusions,
mais elles reflètent mes choix, ce sont mes créations, mes manifestations,
je suis de plus en plus moi, je suis mes passions guidées par mes émotions ,
une disparition... une création... j'essaie toutes les options,
toutes ces bulles, autant de petits cocons,
j'invente et réinvente, je suis à fond!
je change ma fréquence, ça change la résonance, ça modifie les apparences,
on comprend que la réalité est un rêve,
comme un rouleau de papier se déployant sans trêve,
si je vis avec passion, je tisse un songe qui me correspond,
ce songe c'est la vérité de l'instant, ce que l'on appelle réalité,
si ça me déplaît, je peux juste observer, et je passe à côté,
tout est à imaginer, notre histoire est sans cesse réinventée,
plus besoin de mémoire, je sais spontanément ce que je dois savoir.
Chaque bulle est un univers fabuleux,
Mélange drôle, passionnant et merveilleux,
À chaque nanoseconde
je crée un autre monde
créant simultanément passé, futur, présent
dans le même instant
Plus de temps
et pourtant...
Pleins et déliés
Semblent dessinés,
plein, vide...
Pleine de vide,
Je me fatigue,
J'évite les plaintes,
J'ai plus de plans,
J'avance au gré du vent,
les rafales se forment,
L'origami se déforme...
Un jour bateau au sillage perdu dans les flots,
un jour oiseau, pour un pliage toujours plus haut
La feuille s'envole...
Devient végétale,
de la nature une vestale,
Devient florale,
Comme la fleur au soleil s'épanouit,
mes pétales s'ouvrent avec euphorie,
Sans contrôle ni force, c'est inouï!
Que suis-je? où vais-je ? Dans quel état j'erre?
Serait-ce le début d'une nouvelle ère ?
Sans cesse je me transforme...
Je suis un papier miroir,
ce que je crois, je vois,
ce que j'envoie, on me le renvoie,
pour mieux trouver mon moi.
nous sommes au palais des glaces,
dans ce labyrinthe de la vie, on se déplace,
Mais dans cette mystérieuse attraction,
quel est mon point d'attraction?
C'est l'unique question !
Vis ta passion!
c'est ton unique mission !
Et vive la distraction,
en cas d'addiction.
Tout est affaire de vibration.
Tout est enfer,
si on ne vibre pas à l'unisson.
Alors, je nettoie mes croyances,
ça monte ma fréquence,
et tout mon être danse.
mais toujours en vigilance,
car inconscient et subconscient
Sont filtrants, déformants,
c'est parfois difficile de cerner ma vraie forme.
Un trouble, ça se trouble,
Et tout se déforme,
Le reflet est défait.
On est désappointé.
On croit que tout vient de l'extérieur,
mais tout est le reflet de l'intérieur.
je suis de bonne humeur,
et tout devient bonheur.
Si je me languis,
tout devient gris.
Puis lentement le miroir se patine,
à travers je me dessine,
Et alors je devine
le fonctionnement de la machine.
Partout sur le parcours,
faire rayonner l'amour.
garder son âme d'enfant,
pour l’émerveillement,
et rester enjoué et léger,
Malgré les difficultés
Puis je deviens miroir sans teint,
on voit clairement tout à travers,
Les qualités, comme les travers,
plus d'endroit, ni d'envers.
ça me fascine,
j'accomplis alors mon destin,
ça me façonne,
et je m'aligne enfin.
La feuille s'affine,
Devient transparente,
Et s'efface
comme une fleur
qu'on effeuille
sans raison apparente,
Au fond, la destinée n'en fait qu'à sa guise,
Enfin, épuisée et lassée, je lâche prise.
Dessins à peine en filigrane,
Doucement, la fleur se fane.
Les lignes sont estompées,
Mais tout est aligné,
La forme disparaît,
Et le sens transparaît,
l'essence apparaît
Dans un souffle léger.
je suis de plus en plus moi-même,
je m'aime!
Légère au vent,
je suis portée par les courants,
je monte en spirale,
dans cet univers sidéral,
Depuis le haut,
tout est plus beau
la vue est plus globale,
du dessus on voit mieux que d'en bas,
on voit que tout est là, tout est choix,
le vrai bonheur,
c'est de voir avec le cœur ,
depuis cette perspective,
on découvre d'autres alternatives,
plus j'ai de gratitude,
plus je prends de l'altitude
Je lévite, sans limite
totalement libre, comme en équilibre,
Je suis tout et rien, et ça me va bien!
Laurence Bruski