Le goût des mots

 Le goût des mots


« Ce qui ne peut danser au bord des lèvres, s’en va hurler au fond de l’âme », dit le poète Bobin. 


Les mots ont une texture, une couleur, un goût. Etres vivants, ils naissent un jour, par accident, imbriqués dans une culture, ambassadeurs d’une langue, porteurs d’une histoire. Ils connaissent la gloire, la mode et le déclin, et meurent un peu suranés dans l’indifférence générale. ,,,,

Amer, les mots du colérique, emplis d’amertume et de ressentiments, lâchés lâchement sans retenue. 

Sirupeux, les mots de l’obséquieux, distillant son miel surfait. 

Yuzu, les mots de l’amoureux, douce mélopée présageant les prémisses.

Acide, les mots de l’humoriste, derniers remparts du désespoir. 

Salé, les mots de l’homme inondé de tristesse, de nostalgie, affrontant la perte de l’être cher. 

Sucré, les mots de la maman allaitant son petit, sous le regard discret et ému des papas. 

Les mots ont donc bien un goût. Ils dansent au bord des lèvres, s’infiltrent dans l’atmosphère, pénètrent les cœurs tels  des armes ou des caresses c’est selon. 

D’où l’implacable et impérative nécessité de les choisir avec justesse, de parfois les retenir, d’être au plus près de son cœur pour les partager avec autrui. De l’ethique des mots… à suivre. 

Catherine Z.