Le bisse des Ravines


Partie quelques jours à la montagne, je me pose à Bruson dans le val de Bagnes. Un honorable raccard, vieux de quelques deux cents ans fait office de home sweet home. "Connais-tu le bisse des Ravines?" Me demande mon hôte? Bis, BISSE, épelle-t-elle l’air malicieux. 

Nous voilà sur un chemin de randonnée pentu au départ puis délicieusement vallonné. Des forêts de mélèzes succèdent aux pâturages, comme pointillés par des moutons, les fameux nez noirs. Un subtil parfum s’échappe de la terre mouillée par l’orage de la nuit. Des brindilles craquent sous les pieds, un ravissement pour les sens. "Et le bisse alors, qu’est-ce que c’est?" s’impatience le lecteur. J’y arrive! Tout du long et tout au bord du chemin de randonnée balisé, des panneaux de bois encadrent, bordent en quelque sorte, l’eau de source qui descend de la montagne. Dès le 13ème siècle on trouve des traces de cette « domestication » de l’eau, permettant aux montagnards d’irriguer les pâturages et les prés de fauche, nécessaires aux animaux. Au bout de la randonnée, une cascade marque le début du bisse, un selfie s’impose. Au retour l’écoulement de l’eau, les gazouillis, les pas réguliers et lents nous figent dans un présent quasi méditatif, une douce équanimité s’installe. En fin de parcours, les montagnards ont posé une vierge sculptée dans le bois comme pour sanctifier cette eau, source de vie.

Le bisse, bis repetita car le Valais en compte 17 répertoriés. 


Catherine Z.