Si j'étais de la famille des mots, qu'aurais-je envie de dire aux humains?
Bande d'abrutis, vous n'avez rien compris! Vous nous prenez pour des outils, de simples choses à utiliser puis à jeter sans autre forme de considération alors qu'en fait… et puis non! Nous n'allons pas nous abaisser à vous dire ce que nous sommes! Nous pourrions, mais c'est du gâchis de donner de la confiture aux cochons! Oui, "cochons" est un terme bien adapté vous concernant, vraiment bien adapté dans le sens péjoratif, tout en respectant infiniment ces nobles animaux. Et sachez que bon nombre d'objets se joignent à notre mépris envers vous. Le mépris, voyez-vous, est profondément ancré en nous. Il reflète le manque de considération dont nous souffrons. C’est une douloureuse plainte de ne pas être vus, reconnus pour ce que nous sommes vraiment. Certes, on pourrait regarder en nous cette souffrance qui nous habite depuis si longtemps au lieu de vous traiter d'abrutis, mais rejeter notre manque, notre colère à la face d'un bouc émissaire est plus simple. Ça nous protège même peut-être, comme le dit Jean-Christophe, de ressentir cette douleur du manque d'être vus, reconnus, traité avec l'honneur dû à notre rang. Telle une famille royale, nous avons besoin d'être honorés avec une authentique déférence, un respect amoureux, une consécration délicate, une ferveur digne des Dieux. Or, seuls de vrais Êtres Humains, avec un grand H en sont capables. Votre manque de conscience, telle une malformation en creux, un trauma négatif, vous en empêche.
Quand vous laisserez-vous enfin emplir par la grâce ?
Quand ?
Notre colère, notre tristesse, notre incompréhension… sont impossibles à mesurer tellement elles sont immenses.
Florence