Les tiroirs de mon enfance
Je me souviens
D’un des plus importants de mes tiroirs.
De cette odeur si particulière de confiture d’oranges amères, que ma mère nous confectionnait.
Nous étions des gamines, souvent indisciplinée, surtout moi, l’intrépide de la famille.
Pour nous, c’était plus une corvée qu’un amusement…
Avec ma sœur cadette, de nos mains enfantines et maladroites, nous devions éplucher ces magnifiques oranges. Parfois du jus s’en échappait, jusqu’à nos yeux devenant larmoyants ou tachant nos tabliers de nos mains gluantes.
Avec tellement de gourmandise, nous nous délections de ce breuvage doux-amer!
Avec opiniâtreté, nous devions enlever cette fine peau blanche.
Sitôt ce travail terminé,
Nous nous échappions en vitesse pour aller nous amuser.
Ma mère coupait en morceaux ces fruits, les jetait dans une casserole - était-ce en cuivre? Je ne me souviens plus - rajoutait du sucre, sûrement beaucoup trop !
Pendant des heures, cela cuisait, bouillait, débordait parfois.
Puis elle touillait cette future confiture avec une cuillère en bois.
Enfin, la confiture cuite (même trop cuite),
Elle la versait dans des pots, avec de belles étiquettes écrites de sa main.
Après refroidissement, ils étaient stockés dans une armoire, inaccessible pour ma sœur et moi !
Ma mère connaissant notre gourmandise!
Je vois encore cette couleur orange-clair.
Je sens toujours cette odeur, titillant mes narines.
Maintenant, je ne confectionne plus de confiture, mais à l’achat de celle-ci,
Tout me revient en mémoire.
Ma mère faisait sécher les épluchures au soleil brûlant.
Au bout d’un certain temps, une odeur suave s’en dégageait.
Il en résultait des tortillons rabougris et secs qui terminaient dans les armoires à linges.
Il en ressortait une odeur agréable.
Là aussi, un autre souvenir émerge de ma mémoire sensorielle.
Par simple magie…
Une odeur, une senteur, un lieu… me ramène dans mon enfance tunisienne.
Marie-Françoise
Le 21.10.2020