Je suis une gomme

Je suis une gomme


Que de tristesse m’habite. Ma vie n’a de sens que le vide. Les erreurs et ratures forment ma

pâture.

D’un côté, ma chance, si j’en conviens, est que le festin m’amincit.

Tandis que, d’un autre côté, il m’arrive de faire de la place à des idées moins bonnes que

celles que je viens d’ingurgiter. Ces repas-là me laissent un goût d’inachevé...

Quand on est une gomme, il faut avoir la mémoire courte et savoir s’effacer.

Ce qui me réconforte, c’est que, d’ordinaire, je suis l’outil d’une amélioration. Et c’est à ce

moment-là, face à la revanche du crayon, que je constate avec joie que ce sont mes traces

qui s’effacent ; cette fois-ci.


Olivier Hermenier