Je suis une pièce de CHF 5.--



Je suis une pièce de cinq francs


Je suis une pièce de cinq francs. Ma propriétaire, me sors souvent de son porte-monnaie,
m’enlève, me remet, m’enlève de nouveau... et ça me perturbe !

Mais je préfère rester avec elle qu’être donnée à n’importe qui. Elle donne les autres pièces, sans aucun sentiment, pour acheter son petit délice, à la pause matinale, à la cafétéria, un délice au fromage ou à la dinde, avec le café.
Parfois, je me retrouve toute seule, pendant un bon moment. Et puis, il y a de nouvelles pièces qui me rejoignent, pour me tenir compagnie.
J’aime bien être avec ma propriétaire, je change souvent de sacs, de portemonnaies ou de poches.

Avant de me retrouver avec elle, j’ai été chez beaucoup de monde. Plusieurs fois, on m’a donnée à un mendiant. Les mendiants sont toujours très contents de me voir, mais ils ne me gardent pas longtemps.

Ma propriétaire actuelle oublie toujours de me sortir de la poche de son jean et je me retrouve au milieu de son linge sale. Je suis toute propre à ma sortie de la machine à laver.

Je suis une pièce de cinq francs, mais il n’y a pas de Saint Franc dans le calendrier. S’il y en avait un, ce serait mon préféré.

Et puis c’est arrivé ! Ma propriétaire m’a apporté à la poste, et m’a échangée, avec d’autres pièces, contre un gros billet.

Chacun a sa propre valeur. Je suis une pièce de cinq francs, ce n’est pas beaucoup, mais mise bout à bout dans un rouleau avec d’autres, ça fait une belle somme.

Je suis plus lourde qu’une pièce de un franc, mais moins bien considérée qu’un billet de dix ou de cent francs. Les plus malheureuses sont les  cinq centimes, personne n’en veut, même les automates les rejettent.

Et puis, un jour, j’arrive au paradis, en même temps qu’un gros billet de cent francs.
Sur terre, le gros billet avait pris l’habitude de se sentir important. 
Alors il a cru que là-haut, au paradis, il le serait aussi, important. 
Eh bien non! Pas du tout ! Saint-Pierre l’a refoulé ! Saint-Pierre lui a dit :

“ Toi, on ne t’a pas vu souvent à l’église, contrairement aux cinq francs !”

Huelin Christelle